Silence is my favorite sound | LIBRE

Silence is my favorite sound

Il détestait à mourir les protestataires devant son restaurant. Ils étaient là, menues de pancartes en souhaitant la mort du propriétaire comme s’il n’avait pas vécu une injustice par leur faute quelques mois auparavant. Ils avaient encore jeté de la peinture bleue sur le front de l’édifice afin de répliquer le Thirium. Comme si Samuel en avait quelque chose à faire des androïdes pleurant l’injustice de ne pouvoir entrer dans un restaurant. Pourquoi tenaient-ils tant à y entrer de toute façon? Ils n’avaient aucun goût ou estomac afin de profiter de la fine cuisine. Le propriétaire se frottait le cou en regardant ses employés découragés avant même le début de leur quart de travail. « Comme toujours, les extrémistes crient forts, mais nous avons tenues depuis des années face à la menace androïde et vous avez pu garder vos emplois grâce à mes convictions. » Laissait entendre l’homme d’une voix très neutre, mais assez forte afin d’être perçu dans l’entièreté de la salle. « Nous continuerons, ils ne nous mettront pas en faillite peu importe à quel point ils en auront envie. Donc prenez un moment afin de vous calmer et ensuite nous réchaufferont les cuisines pour le service de ce soir. » Finissait-il.

Si la présence de l’homme était de moins en moins fréquente à même son établissement, c’était parce que les terroristes ne semblaient pas avoir digérer les petits concours qu’il avait fait avant que les androïdes ne gagnent le droit d’être libre. Sa simple présence augmentait la menace pesante d’une attaque musclée, les tensions à son comble, alors que les protestataires résistants criaient encore à l’extérieur. Plutôt que de l’aider à disperser ces fauteurs de troubles, la police lui avait fortement conseillé de les laisser se vider d’énergie tant qu’ils restaient pacifiques puisque « Ils finiront bien par se tanner de vous faire chier M. Griffin. Ils doivent avoir des emplois, des familles, ils ne resteront pas éternellement devant votre commerce. » il y avait bientôt deux semaines de cela.

Sam devait cependant remplir de la paperasse habituelle, mais qui commençait à s’entasser dans son bureau. Il prit place à sa chaise en ouvrant les documents, certains étant des demandes de réservation à fin de soirées privé et d’autres des factures qui n’avaient pas été payés. Au bout de quelques heures, le restaurant fut ouvert et bondé comme toujours. Si l’homme avait pu rentrer chez lui afin d’être avec ses enfants, il se dit qu’il ne lui ferait aucun tort de veiller un peu plus tard qu’à son habitude et profiter de la fine cuisine de son chef cuisinier.

S’asseyant à table, seul, il flânait sur son téléphone en attendant l’entrée qu’il avait choisi. L’idée passagère d’inviter quelqu’un lui venait en tête, mais il choisit de s’abstenir.

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D’un calme très inquiétant, Sam déposait sa fourchette après avoir avaler sa dernière boucher en entendant la panique auprès de ses clients attaqués par une extrémiste qui semblait avoir décidée de passer la nuit en prison de toute évidence pour atteinte d’un lieu privé. Se relevant de sa place, il fit un simple signe de la main à son personnel voulant maitriser la jeune femme de la laisser faire et d’aller simplement appeler la police. S’approchant, main dans le dos, il regardait la jeune femme sans aucune expression particulière. Ni colère, ni méchanceté, juste une froideur stoïque à en glacer le dos. À sa réplique, il ne fit que cligner des yeux en tournant légèrement sa tête vers les dégâts de peinture sur ses banquettes et ses divers clients s’étant enfuie de cette attaque puéril.

« Que vous faisiez une manifestation hors de mon restaurant je peux comprendre. » Laissait-il entendre d’une voix très monotone. « Je vous laisse le faire car il est effectivement dans vos droits de manifester publiquement pacifiquement, je le respecte, aux dernières nouvelles mon personnel n’est pas autorisé à s’attaquer aux manifestants et doivent même passer par la porte arrière. » Il prenait une inspiration, toujours le dos bien droit en observant les réactions de l’inconnu qui avait décidée de s’amuser chez lui. « Cependant, l’intérieur du restaurant est proscrit et une atteinte à une propriété privée ainsi qu'un acte de vandalisme, je me dois de vous prévenir que la police a été appelée. » Calme, comme toujours et composé, Samuel savait très bien que les regards étaient posés sur lui et qu’il ne pouvait en aucun cas tomber aussi bas que cette manifestante clairement motivée. « Pour ce qui est de mon restaurant, madame, aux dernières nouvelles il m’appartient et j’ai le droit de mettre les règlements dont j’ai envie sur la porte d’entrée. De plus, il me semble que les androïdes n’ont pas d’estomac, je me trompe? » Il la dévisageait clairement, malgré le calme, malgré cette voix toujours aussi perçante et pourtant calme. Samuel jouait un jeu avec elle, à elle de savoir comment y répliquer. « Quel serait leur intérêt à venir ici, dites-moi? Je crois que certains détails m’échappent, quelqu’un ici peut m’expliquer ce qu’un androïde ferait dans un restaurant où l’on emploi des humains afin de servir de la nourriture aux humains? Un restaurant qui emploi des familles qui autrement auraient tout perdu à cause des androïdes les ayant mis au chômage. Un restaurant qui nourrit les démunis HUMAINS avec les restants dans les cuisines chaque soir. » Les témoins oculaires acquiesçaient aux propos de Griffin. Il savait très bien ce qu’il faisait et il espérait que la jeune femme était tout aussi intelligente pour s’en rendre compte, il ne dirait pas non pour jouer un peu ce soir surtout aux vues des dommages qu’elle avait causée chez lui. « Suis-je donc un monstre parce que j’interdis à une espèce incapable de manger de venir chez moi? Est-ce que cela fait de moi quelqu’un de raciste car je refuse de les employés au profit de notre espèce qui se meurt de faim et crève de froid dans la rue? Soit! Alors je suis raciste et fier de l’être si tel est le cas. » Sam inspirait. Profondément, main toujours derrière son dos, la regardant de haut en bas. « Alors dites-moi, que revendiquez-vous avec vos tentatives puériles de détériorer ma propriété? »

Le jeu débutait, sous les applaudissements de quelques clients, peu nombreux certes mais tout de même présent. Samuel savait que la violence n’était pas la solution, enfin pas devant des témoins, dans d’autres circonstances il se serait fait plaisir de lui faire payer à même le plancher les dégâts qu’elle avait causés.